Jardin des Tuileries - Giuseppe Penone
Sortie au Jardin des Tuileries les Jeudi 13 et Vendredi 14 Octobre avec les élèves de 1e
Les élèves ont pu découvrir L’Arbre des voyelles, une œuvre de Giuseppe Penone (1947) avec la collaboration de Pascal Cribier, architecte paysagiste, installée en décembre 1999 et inaugurée en juin 2000. Elle est constituée d’une sculpture en bronze patiné dont le motif est un arbre et d’un parterre où poussent diverses espèces végétales et 5 arbres. L’ensemble forme donc une installation vivante et olfactive. C’est une commande publique de l’Etat, du ministère de la Culture.
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D’un grand arbre d'une vingtaine de mètres, déraciné à Milan, un chêne, l’artiste a réalisé un moulage puis une fonte en bronze installée dans le bosquet du Vase, le long de la Seine dans le jardin des Tuileries. Les racines laissent entrevoir, dans leur entremêlement, des lettres tordues et parfois la tête en bas : les voyelles « I », « E », « O », « U » et « A ». Cet ordre a été choisi par l'artiste car il lui évoquait le nom de Jéhovah, retranscrit YHWH en français. Là où les branches touchent le sol, des arbres se sont développés le peuplier argenté, l'if, le frêne, l'aulne et le chêne vert. Les noms celtiques de ces végétaux correspondent, par la lettre initiale dans l'Alphabet des arbres Beth-Luis-Nion à ces voyelles, « I », « E », « O », « U », « A », que l'on distingue dans les racines de bronze.
L'Alphabet des arbres a ainsi donné à Penone une suggestion de végétaux : A : Abies alba ; O : Sarothamnus scoparius ; U : Erica arborea ; E : Populus tremula ; I : Taxus baccata. A : l'épicéa ; O : le genêt ou l’ajonc ; U : la bruyère ; E : le peuplier argenté ; I : l’if. Toujours selon l'Alphabet des arbres, les voyelles correspondent aux dates-clés de l'année, qui nous donnent l'ordre des lettres conformément au déroulement du temps. A : solstice d’hiver ; O : équinoxe du printemps ; U : solstice d’été ; E : équinoxe d’automne et I : le 23 décembre date de la nativité de Jésus-Christ, qui marque l'année origine du calendrier grégorien. Après ces relations formées par les voyelles, les élèves ont pu découvrir les sens possibles à donner à cette œuvre :
L’artiste fait usage du moulage pour obtenir un double, une réplique en bronze qui, telle une photographie, se saisit des états de l'instant et le fige. Instant auquel le bronze donne permanence.
Les élèves ont été invités à réfléchir aux conséquences paradoxales de ce geste artistique qui revient à sculpter l'action du temps à contretemps : à donner forme sculpturale pérenne à un instant.
L'œuvre est parallèle à la Seine … ce parallélisme est porteur de sens. En effet, le Fleuve et ses affluents, l'Arbre et ses branches, ont une structure arborescente similaire bien que leurs directions et leur dynamique s'opposent (verticalité/horizontalité, courant ascendant/courant descendant). De plus, l'arbre des Tuileries est passé par un état liquide. Le métal en fusion a coulé au creux du moule avant de se solidifier dans une imitation parfaite et durable de son modèle couché. De cet état liquide le simulacre de bronze conserve la dynamique : il se présente comme une source de vie.
La mise en scène de l'arbre est essentielle pour saisir la dimension de l'œuvre de Penone. Aucun socle, aucun signe ostensible d'exposition n'est directement perceptible par le passant, le promeneur.
L’arbre en bronze oxydé et patiné d’une teinte verdâtre se confond parfaitement avec son lieu d’accueil si ce n’est sa posture horizontale qui contraste avec l’ordonnance stricte du jardin à la française imaginé par André Le Nôtre. L’illusion avec un arbre déraciné est telle que l’on peut parler d’un trompe-l’œil et rattacher cet élément sculptural au genre de la nature morte et plus précisément à celui de la vanité. Le temps qui passe est au cœur de ce travail artistique car la forme sculpturale est accompagnée de végétaux et d’arbres qui croissent à des rythmes différents, certains meurent, d’autres perdent leurs feuilles mais chacun obéit au cycle des saisons et ce Ad vitam æternam.
Photo Nadine Averink