Terminales - Projet Bac - Souraya

Publié le par Nadine Averink

OPTION TS

J’ai décidé de travailler sur la problématique « comment une réalisation artistique peut-elle renvoyer au spectateur une vision altérée de la réalité ? » J’ai utilisé plusieurs techniques, dessin, sculpture, photographie ou vidéo. Une référence principale traverse l’ensemble de mon travail il s’agit d’un courant l’Optical Art ou Op art. Je me suis intéressée au principe de l’anamorphose et au principe des illusions optiques. Georges Rousse et Felice Varini m’ont inspiré pour leur lien avec l’architecture et la peinture. Le motif de la ligne est omniprésent dans mes productions (courbe, verticales, horizontale en arabesque) il est en conséquence un fil conducteur visible.

Travail 1

Ce projet est un tableau-objet car c’est un dessin contrecollé sur une plaque qui se détache du support mural constitué d’un dessin réalisé sur un papier à grain A4, en élévation, au-dessus d’un carton plume noir, A4, recouvert d’un papier miroir de la même dimension. Les deux faces de la feuille sont entièrement remplies des mêmes motifs réalisés au stylo encre de Chine. Il s’agit donc d’un travail entièrement en noir et blanc même si l’on retrouve une prédominance du noir, de par la surabondance de ces motifs décrivant des circonvolutions. Cette réalisation est à observer tout d’abord en se positionnant face à elle, de sorte à voir uniquement une face de la feuille recouverte de motifs. Il faut tourner autour du support pour entrapercevoir la présence du miroir et la deuxième face de la feuille également recouverte de motifs, mais seulement visible à travers ce miroir. L’idée principale de ce travail est de perturber le spectateur, qui observe d’abord un dessin qui par lui-même constitue une illusion d’optique, puis qui réalise que la réflexion de ce même dessin se trouve derrière lui et non pas devant. Cette inversion de la logique permet au spectateur d’envisager une nouvelle vision du monde et de ce qui l’entoure. Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pour la composition, six aiguilles maintiennent la feuille de motif en suspension, comme si elle flottait. Le choix des aiguilles est un rappel à une légèreté que l’on ne retrouve pas forcément dans les motifs. L’ensemble de la surface est travaillé selon un procédé de all-over. Je me suis inspirée de Guiseppe Penone et de son œuvre « Propagazione ». L’empreinte digitale de l’artiste est au centre de cercles concentriques qui rappellent des ondes, mais aussi la coupe d’un tronc avec ses anneaux de croissances. Ces motifs répétitifs et circulaires m’ont donc beaucoup inspiré pour ma réalisation dont les motifs, eux, ressembleraient davantage à une chevelure.

Travail 2

Ce deuxième projet en 3D s’inspire directement de l’œuvre lithographique de l’artiste hollandais MC Escher intitulée « Relativité ». Il est composé d’un dessin réalisé au stylo encre de Chine sur une feuille de dimension 20,5 x 20,5cm qui est collée à un carré en carton plume de même dimension.  Ce carton plume est lui-même attaché à un mécanisme lui permettant, grâce à l’action du spectateur, de tourner. Cette réalisation est entièrement en noir et blanc et fait donc écho à mon premier projet qui avait la même particularité. Le dessin réalisé au stylo encre de Chine utilise la technique des hachures qui, selon leur intensité, créent de la profondeur, voire un semblant de texture. Le dessin représente un monde où les lois de gravité ne s’appliquent pas. On y retrouve un enchevêtrement de nombreux escaliers disposés dans tous les sens. En réalité, il existe trois sources de gravité regroupées dans un seul espace. Ce phénomène entraîne une évidente confusion pour le spectateur, qui ne sait plus exactement comment regarder la réalisation. C’est pour cela que le mécanisme de rotation devient utile.

Effectivement, le spectateur découvrira une nouvelle logique, une nouvelle version du dessin selon sa rotation. Il s’agit donc d’une réalisation participative puisque le public est engagé directement dans son processus de création. Elle serait en effet incomplète sans l’interaction physique des spectateurs. La dimension de l’illusion d’optique apparaît donc évidente dans ma réalisation puisque le spectateur se retrouve face à une vision altérée de la réalité.

Travail 3

Ce projet est une broderie au point de croix réalisée à l’aide d’un tambour à broder en bois de diamètre 15,4 cm. Un triangle de Penrose a été brodé avec des fils de trois nuances de bleu différentes : bleu ciel, bleu canard et bleu smart (foncé). Le triangle de Penrose est un objet impossible, c’est-à-dire une construction fictive d’un objet contraire aux lois physiques connues de la nature. Ce triangle intriguant introduit une ambiguïté dans la mesure où il est impossible de l’interpréter comme l’exacte représentation d’un objet réel. Ainsi, l’objet tridimensionnel qui devrait correspondre au dessin est impossible. C’est donc ce paradoxe entre logique et réalité qui fait écho à ma problématique de l’illusion d’optique. Le spectateur, face à cette figure impossible, sera forcément amené à réfléchir à une manière de comprendre la logique de celle-ci. C’est donc cette curiosité du spectateur qui est recherchée à travers ma réalisation. Il sera donc possible pour ce dernier de manipuler ma réalisation, comme un objet. J’ai aussi voulu rajouter un fond noir à l’arrière du triangle de Penrose afin d’accentuer le contraste de couleurs. Je n’ai cependant volontairement pas rempli entièrement le fond en noir. Ce choix demeure dans mon désir de rappeler au spectateur qu’il s’agit d’une broderie faite sur une toile, élément que j’ai voulu mettre en valeur. Pour la réalisation de ce projet, je me suis inspirée des œuvres de Francis Tabary, illusionniste et prestidigitateur français. La prestidigitation est un art du spectacle qui consiste à créer des illusions. Cet artiste a réalisé de nombreuses sculptures d’objets impossibles, notamment le triangle de Penrose, rendus possible grâce à une illusion. Ses sculptures déroutantes défiant les lois de la perspective sont réalisées selon une technique originale inventée par Francis Tabary. Cette technique habile permet de tromper l’œil de l’observateur lorsque celui-ci se déplace à une certaine distance de la sculpture. Si l’observateur s’approche trop, l’illusion s’évanouit et la réalité apparaît. Mais il suffit de s’éloigner à nouveau pour que l’illusion reprenne soudain le dessus sur la réalité. Ses sculptures sont réalisées en aluminium ou en bronze. Par ailleurs, la technique de la broderie peut aussi se référer au travail de Sophie Taeuber Arp. Enfin, ce troisième projet fait directement écho à mon deuxième projet inspiré par Escher avec les escaliers. Effectivement, l’enchevêtrement des escaliers suit la forme du triangle de Penrose. C’est en effet une figure importante et récurrente dans les travaux d’Escher.

Travail 4

Ce quatrième projet est un objet, à savoir un phénakistiscope de dimensions 42 x 27 x 2,5 cm. Il est composé d’un disque en carton plume, percé de douze fentes, sur lequel un mouvement se décompose en une séquence d’images fixes, et d’un manche également en carton plume permettant son maintien pendant sa rotation. Pour percevoir le mouvement, le spectateur se place en face d’un miroir et met ses yeux au niveau des fentes du disque, du côté opposé aux dessins. Il fait ensuite tourner le carton. Les fentes servent d’obturateur en ne laissant apparaître l’image reflétée dans le miroir qu’un très court instant. L’œil voit donc une seule image, qui semble être en mouvement lorsque le disque tourne à une vitesse suffisante. Sur le disque en carton plume sont représentés douze dessins réalisés au stylo à encre de Chine. Ils représentent deux petites filles tournant autour d’un réverbère. Ainsi, ces douze images figées pourront prendre vie grâce à la rotation du spectateur et se révélera donc le mouvement des jeunes filles. Il s’agit donc d’une œuvre participative dans la mesure où le spectateur est essentiel et apparaît presque comme un élément plastique faisant partie de la réalisation pour qu’elle soit complète. De plus, le manche est décoré de motifs également dessinés au stylo à encore de Chine. Les ondulations et circonvolutions des motifs font écho à mon premier projet, à savoir le tableau-objet qui lui aussi, possède des motifs très similaires. Par ailleurs, l’arrière du phénakistiscope est totalement noir, il a en effet entièrement été recouvert de papier canson noir. Bien pour le lien établit avec le spectateur et le précédent projet. Ce projet constitue une illusion d’optique dans la mesure où le spectateur croit voir une image en mouvement, voire une forme de vidéo, lors de la rotation face au miroir du phénakistiscope, alors qu’en réalité, il ne s’agit que d’images figées. Le phénakistiscope permet d’expérimenter véritablement l’animation des images. Il est le précurseur du cinéma dans la mesure où il permet, à partir d’une suite d’images fixes légèrement différentes les unes des autres, de mettre en mouvement une scène complète. Afin de réaliser ce projet, je me suis directement inspirée d’artistes ayant aussi créé des phénakistiscopes, en particulier celui d’Eadweard Muybridge réalisé en 1893. Lors de sa rotation, il représente une scène de danse, plus précisément une valse, entre un homme et une femme. Ces deux personnages valsant ensemble m’ont donné l’idée de représenter deux jeunes filles qui, d’une manière plus abstraite, valsent avec le réverbère.

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