Centre Pompidou - Gilles Aillaud. Animal politique

Publié le par Nadine Averink

Sortie avec les élèves de première et de terminale de l’enseignement de spécialité en février 2024

Gilles AILLAUD (1928 – 2005) est un des artistes de la Figuration narrative, courant qui apparaît dans le milieu des années 60. Chez les artistes de ce courant l'image est porteuse de sens métaphorique, elle peut être réaliste, fantastique, elle peut opérer aussi un détournement, une parodie.  Le monde des années soixante est marqué par des événements graves : Guerre d'Algérie, Guerre froide et ses différentes crises, Guerre du Vietnam…

L’exposition monographique de l’artiste au Centre Pompidou est titrée de la manière suivante : « Gilles Aillaud. Animal politique »

De Gilles AILLAUD on peut dire que l'essentiel de son œuvre a été consacré à la représentation animale. On peut remarquer qu'à l'âge de dix ans, il réalise des dessins d'animaux qu'il observe au jardin des plantes ou au zoo de Vincennes mais est-il exclusivement un peintre animalier ? Les élèves ont pu découvrir que non car son œuvre est complexe, multiple parfois difficile à déchiffrer car certains aspects demeurent énigmatiques. Les formats sont plutôt monumentaux, la touche est précise, sans rendu de matière particulier. La peinture a un aspect lisse, on perçoit une certaine matité de la matière. La palette chromatique entremêle couleurs froides et couleurs chaudes dans un jeu subtile de nuances. Ces peintures mettent en scène des animaux en cage. L'artiste animalier

les représente avec le souci de la vraisemblance, de la ressemblance. Il construit sa peinture de manière à rapprocher le sujet du spectateur, en gros plan, révélant au mieux l'identité de l'animal. Le spectateur voit le plus souvent des espaces délimités, fermés, habités par un animal le plus souvent immobile, comme isolé, seul sans autre congénère, pas toujours immédiatement identifiable, parfois partiellement immergé, ou encore occupant un espace qui se révèle trop exigu. L'habitat (la cage, la fosse...) peut aussi être vide et quelques signes de présence antérieure d'animaux demeurent. En poursuivant l'inventaire, on identifie des aménagements tels qu'une porte, une canalisation, un tuyau, des escaliers et des installations (bassins, arbres, rochers...) qui constituent un univers inquiétant parfaitement entretenu, où l'humain n'apparaît pas, sinon à travers cette volonté de maintenir un animal dans un espace aseptisé permettant au public de l’observer. La relation à l'enfermement devient alors insupportable tout comme le rapport de l'homme à l'animal.

Ce principe où l’animal est réduit à une simple enveloppe vide de sens car privée de son espace, de sa nature devient une allégorie celle de la relation à notre propre liberté, elle devient l’incarnation de toutes les formes d’emprisonnement évoque l’univers carcéral, les scènes de torture d’où le titre « animal politique ».

À l'hiver 1988, le peintre Gilles Aillaud, accompagné de l'imprimeur Franck Bordas, de l'écrivain Jean-Christophe Bailly et de la photographe Ianna Andréadis, voyagent au Kenya pendant près de 3 mois. L'artiste y réalise des peintures de paysages et d'animaux observés cette fois-ci dans un espace infini sans mur ni grille. La touche du peintre se fait plus légère, plus fluide, le motif animal semble disparaître dans le décor comme s’il ne faisait plus qu’un avec la nature.

 

Photos Nadine Averink

Publié dans Sorties

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