Galleria Continua - Tromper l’œil
Sortie pour les élèves de Première et de Terminale en septembre 2024 à la Galleria Continua pour l’exposition intitulée Tromper l’œil consacrée à Eva Jospin.
Une partie du programme de l’enseignement de spécialité pour la classe de terminale porte sur le thème Nature à l’œuvre pour le baccalauréat 2025. L’exposition de la Galleria Continua intitulée Tromper l’œil est une déambulation artistique qui cadre parfaitement à cette thématique.
La plasticienne Eva Jospin invente forêts, grottes, gloriettes, folies, fabriques et nymphées antiques en carton, en bronze, en dessin ou en broderies. Des mondes imaginés sculptées, brodés, dessinés qui fascinent par leur méticulosité. Faites de carton les sculptures ou hauts-reliefs de cette artiste, laissent effectivement percevoir une multitude de détails, représentant tout à tour ces forêts, ces grottes ou ces architectures aux masses parfois imposantes, leurs surfaces s’ornent parfois de fils, passementeries ou autres fantaisies : des coquillages, des coraux, des perles qui accrochent l’œil du spectateur.
Jospin a fait du carton son matériau principal en raison de son accessibilité et de sa malléabilité mais aussi pour son lien avec notre vie quotidienne. Elle s’est intéressée au fait qu’il s’agisse d’un matériau modeste qui bien qu’utilisé partout à travers la planète est souvent négligé, considéré comme un déchet. Celui-ci est souvent consacré aux étapes préparatoires, en architecture par exemple, il permet de créer des maquettes. Avec elle, il devient le matériau phare, la clé de lecture de son travail.
Cette exposition comprend une série de sculptures qui montre l’étendue de l’utilisation du carton par l’artiste. En ponçant, découpant, assemblant, ciselant, elle transforme celui-ci en parois rocheuses abruptes, en architectures ouvragées, en plantes grimpantes ou en branches enchevêtrées. On peut observer un haut-relief disposé sur le mur de la galerie où la simulation de la forêt, des branches, des couches stratifiées, de la terre et du système racinaire est soigneusement construite pour ressembler parfaitement à la Nature jusqu’à illusionner tous les élèves présents. La manipulation de ce matériau par Jospin illustre sa capacité à utiliser à la fois l’illusion et la réalité à travers des effets de trompe-l’œil d’où le titre de l’exposition. A distance, l’œuvre semble être une réplique , une maquette parfaite d’une forêt. Cependant l’artiste laisse souvent des éléments du carton ondulé intacts et après une observation plus rapprochée, les élèves s’accordent à dire que la sincérité de la texture peut perturber l’illusion. Tout en employant des motifs parfaitement reconnaissables, l’exactitude de l’artiste met en lumière sa capacité à transformer un matériau pauvre et voué à disparaître en des environnements surréels.
Ainsi l’espace entre le réel et le fictif, le familier et l’étrange est ce que révèle son œuvre. L’artiste explique :
« Mon œuvre est figurative, mais ce n’est pas une illustration, c’est une composition formée d’un peu de tout ».
La nature composite de l’œuvre invite donc à prendre assez de distance par rapport à la référence originale pour permettre au spectateur d’employer son propre univers, ses souvenirs ou ses rêves. Occupant les espaces d’entre-deux, dessins et sculptures, naturel et artificiel, beauté et étrangeté, les œuvres présentées fonctionnent de la même manière que les contes. Dans ces derniers, la nature, souvent la forêt, sert de scène fantastique pour des leçons de vie, des avertissements, ou des récits d’interdits. Eva Jospin amplifie l’ambiguïté qu’elle utilise comme un outil pour intégrer l’esprit de l’illusion dans ses sculptures et comme dans les contes, elle nous invite à des expériences artistiques oniriques qui englobent le grandiose, le sublime, l’effroyable, le minuscule et le colossal.
Photos Nadine Averink