Que sont-ils devenus ? (Gabrielle)

Publié le par Nadine Averink

Voici un texte qui résume sa démarche artistique, celle que Gabrielle a défendu pour son admission aux Beaux-arts et une série de réalisations effectuées en images :

« Mon parti-pris est de ne vouloir rien affirmer mais ce concept est complexe en soi, pour y parvenir j’ai décidé de retourner le problème : s’il s’avère difficile d’affirmer des idées potentiellement « véritables » il est aisé d’affirmer des absurdités revendiquées. 

Dire des choses fausses et absurdes, les assumer comme telles, me permet non seulement de ne rien affirmer mais plus encore de recréer, remodifier, changer les bases de mes acquis pour laisser libre court à mon imagination.

En quelque sorte prendre le rôle du savant en sachant pertinemment ne pas l’être.

Ainsi, j’ai inventé des mesures absurdes, j’ai imaginé des principes de monstration que l’on pourrait trouver au Palais de la découverte, j’ai documenté ma démarche en inventant de faux documentaires pseudo-scientifique à l’instar d’une émission comme « C’est pas sorcier ».

L’une des techniques que j’apprécie est le dessin, j’ai travaillé dans un style ultra-réaliste de type dessin documentaire ou d’observation, là encore pour suggérer l’univers médical ou scientifique.

Mark Dion est un artiste plasticien contemporain américain. Il vit et travaille à New York, il est représenté par  la Galerie IN SITU à Paris. Il enseigne dans le département des arts visuels de l’Université Columbia à Manhattan. Lui, s’imagine biologiste ou chercheur, moi, je joue à la mathématicienne.

 3 Stoppages-étalon de Marcel Duchamp marque le passage entre la peinture et le readymade, affranchissement radical à l’égard des normes, tant matérielles que conceptuelles. Lors d’une conférence en 1964, l’artiste explique : « Cette expérience fut faite en 1913 pour emprisonner et conserver des formes obtenues par le hasard, par mon hasard ». En effet, l’artiste a laissé tomber sur des panneaux peints en bleu de Prusse, depuis une hauteur d’un mètre, trois fils d’un mètre chacun. Ensuite, trois règles en bois ont été réalisées d’après le dessin formé par ces fils, qui servent à Duchamp de « gabarit du hasard ».

En reprenant l’idée de Marcel Duchamp, je tente d’entreprendre une réécriture de nos connaissances reçues : pour dire faux dans un décor « vrai » : je tente de masquer la fausseté des informations que je donne mais sans les voiler complètement afin de créer un décalage.

L’autre point sur lequel j’ai axé ma pratique est d’associer ce principe de déformation et de fausseté de ma vision des faits à un genre, celui de l’autoportrait. Pour reproduire mon visage je passe par une technique d’impression : le monotype. Avec elle, je déforme mon corps à l’aide de fausses mesures.

L’artiste Eric Duckerse a été une source d’inspiration importante, accompagnant chacun de mes projets par rapport au décalage qu’il instaure entre vraie ou fausse information.  

Mes peintures et mes dessins à l’encre de Chine explore d’autres pistes comme par exemple le principe de mémorisation de la ‘déformation’ quelle que soit sa nature. »

 

Gabrielle

Septembre 2019

 

 

 

 

 

 

Publié dans Après le bac

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