Fondation Cartier - Ron Mueck

Publié le par Nadine Averink

Sortie pour tous les élèves du lycée de 1e et de terminale à la Fondation Cartier

Le sculpteur australien Ron Mueck est de retour à la fondation Cartier avec des œuvres hyper réalistes, des sculptures minuscules ou tentaculaires comme avec l’installation gigantesque Mass composée de 100 crânes blancs en résine d’une hauteur d'1,50 mètres et de 45 kg chacun. Cette œuvre n’avait jamais quitté l’Australie. Pour ces cent crânes géants, installation produite initialement pour la National Gallery of Victoria de Melbourne, il aura fallu un an à l’artiste pour réaliser le moule d’origine, puis une année supplémentaire pour le décliner en 99 autres exemplaires.

Il a fallu deux mois de voyage maritime de la pièce de l’Australie à la France, répartie sur douze bateaux. Son titre est ambivalent. Le mot anglais mass signifie « amas, foule », mais aussi « messe ». Le crâne renvoie au caractère éphémère de la vie et constitue, dans l’histoire de l’art, l’un des motifs récurrents des Vanités, comme ont pu l’expliquer les élèves. Ces derniers ont pu découvrir aussi des œuvres hors-normes à base de silicone et de fibre de verre :  un bébé minuscule fixé au mur tel un crucifix (Baby) et son pendant géant, une fille cette fois-ci (A Girl), à peine sortie du ventre de sa mère, le cordon ombilical encore accroché à son ventre.

Ce sculpteur met des mois ou des années à finaliser ses œuvres. En 27 ans de carrière 48 ont pris forme. Dans son atelier sur l’île de Wight (Royaume-Uni), l’artiste a dessiné puis façonné à l’aide d’une imprimante 3D sa dernière création :

trois molosses sur une période de 9 mois, ce groupe s’intitule Tree dogs (En garde). C’est une nouvelle manière de sculpter, lui qui de manière traditionnelle s’appuie sur la technique du modelage. Son matériau de prédilection, l’argile, lui donne une grande souplesse de travail et autorise les corrections, les retours et les expérimentations avant le moulage final en silicone. Les derniers détails (grain de peau, taches, blessures) sont ajoutés à la peinture après démoulage, et il en va de même pour les éléments tels que les yeux (en résine), les cheveux, sourcils, poils, que Ron Mueck attache un à un à sa sculpture. Pour la 1ère fois, l’artiste expose une œuvre en cours d’exécution This Little Piggy dans son aspect originel : l’argile.

La déambulation dans cet espace particulier de la Fondation Cartier où l’intérieur et l’extérieur se mêlent a permis de dégager pour les élèves, plusieurs questionnements autour de la réception d’une œuvre :

Comment le visiteur s’inscrit-il dans l’espace d’exposition ? Quel est son parcours, quelles sont ses réactions devant les œuvres dans leur individualité, mais aussi devant l’ensemble de la scénographie proposée ?

Le bâtiment a été réalisé par l’architecte Jean Nouvel avec des murs de verre qui se dressent en façade le long du boulevard Raspail. Il est tour à tour réel ou virtuel grâce aux reflets des vitrages. Il laisse entrevoir les œuvres, le jardin ou peut refléter le ciel, il correspond symboliquement à l’atmosphère irréel qui se dégage du travail de l’artiste australien car Ron Mueck ne cherche pas à retranscrire le réel, mais bien à utiliser ses composantes pour mieux déranger le spectateur. Au point que ce dernier se voie comme un lilliputien dans un monde de géants et chaque élève a pu expérimenter se transfère d’échelle.

 

Une réplique des crânes blancs coulée dans le bronze est postée devant l'entrée de l'institution, cette vanité noire (Dead Weight) de plus d'une tonne semble se faire le porte-voix de l'artiste et illustrer la pensée du Memento Mori devenu depuis le 17e siècle une forme particulière de la nature morte appelée vanitas (vanité) en latin. Elle contraste par son poids et sa couleur avec les nombreux exemplaires immaculés de l’intérieur. Elle traduit tous les contrastes que les élèves ont pu noter à travers cet ensemble d’œuvres.

Photos Nadine Averink

Publié dans Sorties

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