Terminales - Projet Bac - Victoria
Victoria
J’ai pris le parti cette année de questionner l’aspect sonore de mes travaux afin d’en faire un sujet d’étude au travers de diverses techniques et ainsi de faire du son un matériau plastique ; même si paradoxalement mes travaux sont pour la plupart silencieux. Pour mener à bien ce projet très vaste, j’ai fait le choix de ne pas me concentrer sur une technique particulière mais au contraire d’en expérimenter plusieurs : broderies, dessin, photographie, collage / assemblage, sculpture en fil de fer… Ce choix personnel m’a permis de travailler différemment sur chacune de mes productions, mes recherches et mes angles d’approche ont donc été aussi axées sur les différentes formes du son.
J’ai trouvé intéressant d’interroger cette notion du son sans en produire réellement par exemple la série photographique avec mes camarades-modèles j’ai demandé à chacun d’eux de prononcer distinctement une voyelle pour une suite je pourrais envisager comme pour l’exposition à la galerie Michel Journiac un enregistrement audio matérialisé par un QRCODE afin que le spectateur puisse entendre le son de leurs voix. En conséquence mon projet pourrait prendre une nouvelle forme en intégrant réellement du son, du langage, de la musique. Je me suis inspirée d’un mouvement artistique L’Art conceptuel, l’un de ses sous genres est : Art & Language. Comme le dit explicitement son nom, les travaux qui s’inscrit dans ce genre mêle le langage à l’art. Ce mouvement est apparu dans les années 1960 mais ses origines remontent aux Ready-Made de Marcel Duchamp.
• Production 1 : Les Instruments de musique, broderies sur toile, Installation, 40x80 cm
Ce travail est constitué de quatre broderies, chacune représente un instrument. La composition est identique, l’instrument est placé au centre, il se détache du fond laissé tel quel c’est-à-dire, vide / blanc. Les instruments brodés à la main sont simplifiés, stylisés et placés ensuite dans des tondis.
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Ces broderies constituent une partie de la réalisation car l’ensemble correspond à une installation (broderie + phrase injonctive) : « Et vous qu’entendez-vous ? » qui invite le spectateur à s’imaginer un morceau de musique dans sa tête ou lui rappeler une composition déjà existante. La question du son est ici mise en avant avec les instruments de musique mais également avec le verbe « entendre » (référence à l’ouïe) qui invite le spectateur à être libre de ce qu’il souhaite entendre, il a la possibilité d’imaginer dans sa tête le bruit des instruments représentés. Cette production fait référence à l’artiste américaine Barbara Kruger. On trouve dans les œuvres cubistes de Pablo Picasso et de G. Braque des natures mortes dans lesquelles sont représentées des instruments de musique mais aussi au 17e siècle.
• Production 2 : Onomatopées, 10 planches de dessin (Canson A3), étape préparatoire, installation In situ, 210 cm x 59,4 cm
Pour ce travail intitulé, Onomatopées, j’ai décidé de travailler certaines lettres de l’alphabet. Cette réalisation est une série de 10 planches dessinées réalisées à l’aide de pochoirs. Chaque pochoir correspond à une lettre. L’ensemble des dessins représente des lettres superposées à l’endroit à l’envers délimitées par un trait de contour noir (un cerne). Sur chaque planche, nous retrouvons une Onomatopée différente composée de deux lettres. La composition est donc identique et reprend à plusieurs reprises le même procédé. L’effet visuel obtenu correspond au principe du all over : l’ensemble de la surface du support est intégralement recouvert par les motifs (les lettres). On ne distingue quasiment pas le fond d’autant plus que la couleur intérieure des lettres est blanche tout comme celle du support papier. Cette accumulation, superposition rend difficile la lecture. Mais dans cette image il est impossible d’identifier le moindre mot on peut parler d’une sorte de brouillage-visuel qui ne permet pas de lire les mots il est donc paradoxal.
Cette frise représentée sur des formats A3 est un dessin préparatoire, une ébauche d’un travail in situ destiné à un espace institutionnel musée ou galerie (et formerait ainsi une fresque monumentale).
Le spectateur est invité à prononcer les Onomatopées. La thématique La question du son est donc ici mise en avant avec les lettres qui donnent l’idée d’un son et le spectateur qui est invité à les dire à voix haute. Ces feuilles alignées les unes à côté des autres sont une partie de la réalisation car l’ensemble correspond aussi à la mise en scène de ce travail dans un lieu d’exposition qui pourrait former ou donner l’idée d’une frise. Pour ce travail je peux faire référence aux dessins muraux de Sol LeWitt.
• Production 3 : Deux étrangers, fil de fer, support en bois, assemblage, 50 x 65 cm
Il s’agit ici d’un collage de figure en fil de fer sur un support en bois de 50 x 65 cm. Deux personnes personnages des profils dialoguent entre elles par des mots de politesse de langues différentes : « Bonjour » (Français) « hello » (anglais). L’utilisation d’un fil de fer de couleur rose-rouge permet de captiver le regard et l’attention sur ces mots connus de tous. Cette amorce de dialogue, suggère l’idée du son, d’autant plus que nous pouvons remarquer que les mots proviennent des interlocuteurs eux-mêmes (renforce l’idée du dialogue). Les visages des personnages sont simplifiés mais sont tout de même reconnaissables. Nous pouvons d’une certaine manière considérer que le fil de fer constitue comme un cerne, un contour, qui permettrait de mettre en avant la forme des visages. Ce travail est également en relief, où les différents éléments collés sur le support se détachent du fond laissé tel quel. Cette production fait référence au son par l’idée de la voix, du langage et de la communication entre deux étrangers. Il peut néanmoins créer un paradoxe car je n’utilise encore une fois pas le son directement. Inspiration : sculptures en fil de fer d’Alexander Calder
• Production 4 : The Artist, détournement d’un extrait de film muet, 1 min 30
The Artist
« The Artist » est une vidéo d’une durée de 1 minute 30. J’ai pour ce fait détourner un extrait du film the Artist réalisé par Michel Hazanavicuis en 2011. Dans cet extrait détourné on peut voir une rencontre entre une femme et un homme, George semble être distrait par la danse de cette jeune femme. L’utilisation du logiciel IMOVIE, m’a permis de modifier les images en ajoutant un sous-titre pour voir le dialogue entre les deux personnages. Ce travail vidéo serait présenté dans un espace d’exposition intérieur, (galerie, musée, fondation…). J’imagine également une salle plongée dans le noir où cet extrait du film détourné serait présenté sur des écrans et où il serait possible pour le spectateur de s’assoir sur des sièges typiques des salles cinématographiques ou alors de le projeter dans une vraie salle comme celle du Centre Pompidou on y trouve 2 salles de cinéma (315 et 144 places). La musique présente dans cet extrait pourrait également être diffusée dans des enceintes. Nous pourrions ainsi évoquer le terme d’installation et d’environnement immersif pour décrire ce type d’installation dans une salle de musée. Ce modèle d’exposition pourrait en revanche changer d’un espace à un autre selon l’espace. (Nous pouvons mettre en lien ce modèle d’exposition avec : More Sweetly Play the Dance de W. Kentridge). Nous pouvons en effet mettre en lien ce travail avec ma problématique, j’exploite de manière indirecte le son, ou du moins je donne l’idée du son avec l’ajout des sous-titres. Nous avons ainsi l’impression que les personnages parlent entre eux, ce détournement permet d’imaginer leurs voix à travers ce dialogue inventé.
Référence :
Pierre Bismuth : The Jungle Book Project, détourne le langage des personnages du Livre de la jungle. Tous les personnages parlent une langue différente (au total 19 langues).