Fondation Cartier - Damien Hirst
Sortie avec les élèves de terminale de l’enseignement de spécialité au mois de Décembre 2021 pour l’exposition intitulée Cerisiers en fleurs, la nouvelle série de tableaux de Damien Hirst présentée à la Fondation Cartier.
La série des Cerisiers en fleurs (Cherry Blossoms) réinterprète avec joyeuseté le sujet traditionnel de la représentation florale. Sur la toile, Damien Hirst mêle empâtements et projections de peinture. Cette matérialité très forte évoque divers courants comme l’Impressionnisme ou l’Expressionnisme mais aussi un procédé cher à Jackson Pollock que l’on nomme le « dripping ». Les toiles monumentales, entièrement recouvertes par des couleurs vives et saturées, enveloppent le corps du spectateur dans un immense paysage qui oscille entre figuration et abstraction. Ces Cerisiers en fleurs sont donc à la fois un détournement et un hommage aux grands mouvements artistiques de la fin du XIXème et du XXème siècle. C’est un moyen pour les élèves de revoir un pan de l’histoire de l’art emblématique qui continu d’inspirer les plus grands artistes contemporains.
|
|
Les 30 toiles présentées dans l’espace de l’architecture imaginée par Jean Nouvel sont un hymne vibrant à la Nature, elles immergent entièrement, comme nous l’avons déjà mentionné, le spectateur dans l’image. Les élèves découvrent ainsi le principe de monumentalité classiquement accordé aux genres nobles de la peinture. Lorsque l’artiste parle de cette grande série, il dit :
« Je me suis perdu dans la peinture et je voulais que les spectateurs s’y perdent à leur tour. C’est le format qui permet ça. C’est un travail très physique aussi, et c’est ça qui me permet de m’abandonner. C’est ça qui leur donne leur force aussi. »
Il a la volonté de proposer une expérience immersive où chaque élève peut ressentir physiquement la peinture dans sa dimension tactile. La texture épaisse, les coulures et les superpositions de couleurs acidulées qui composent ses tableaux sont palpables.
Hervé Chandès, le directeur général de la Fondation Cartier raconte qu'il a découvert les Cerisiers en fleurs de Damien Hirst, alors en cours de création, en voyant des images postées par l’artiste sur Instagram. Puis il est allé rencontrer l'artiste dans son atelier à Londres.
"Ça a été un éblouissement visuel, un enchantement, quelque chose de très jubilatoire", décrit-il.
Les élèves ont vécu ce même sentiment jubilatoire face à la palette chromatique vive et saturée des toiles exposées. Dans les quatre grandes salles, de la Fondation Cartier, les deux du rez-de-chaussée, illuminées, et les deux du sous-sol, aveugles, ils ont été submergés par l'explosion des fleurs de cerisiers, touchés par leur vibration. Si au départ, l'exercice leur semblait répétitif avec plus d’attention, ils ont pu remarquer les subtiles nuances. Si certaines toiles sont littéralement couvertes de fleurs telles des taches de couleurs. D'autres laissent entrevoir des troncs et des branches ou le ciel d'un bleu plus ou moins intense, lisse ou granuleux. La touche est plus ou moins légère, régulière, plus ou moins serrée. On peut observer toute une gamme de roses et de blancs. Mais pas seulement : des pointes de jaune, d'orange, de rouge, de bleu sombre ponctuent les tableaux. C’est à partir de cet instant que les élèves ont pris conscience de toute la diversité possible offerte par la couleur, la matière, la texture.
Photos Nadine Averink.