Terminales - Projet Bac - Aimée-Lou

Publié le par Nadine Averink

Le point de départ de ma réflexion a été le titre d’une exposition du Centre Pompidou intitulée Le corps dans l’œuvre. Il correspond bien selon moi à mes propres sujets de représentation axés sur le corps. Le but de cette problématique est d’envisager comment on peut appréhender le corps dans l’œuvre, le corps autour de l’œuvre, le corps comme motif de l’œuvre. Ainsi, le lien sera avant tout entre mes projets et le spectateur. J’ai divisé l’ensemble de mes productions en 3 chapitres

Le corps comme sujet représenté

Le corps du spectateur-acteur (œuvre participative, interactive, immersive)

Le corps en action sous-entendu celui de l’artiste (dans ce contexte il s’agit de mon propre corps)

Dans l’art occidental, la représentation du corps est un thème associé aux genres religieux, mythologiques et allégoriques on parle de nu académique. C’est une manière de représenter la beauté idéale. Mais le corps dans l’œuvre est également perceptible d’autres manières : on peut découvrir la présence de l’artiste dans son œuvre, le corps peut devenir le médium de l’œuvre ou encore l’œuvre elle-même. Le corps peut également être le support d’une œuvre avec le Body-art. Mais en dehors de l’œuvre même, c’est le corps du spectateur qui peut jouer sur l’œuvre. En effet, le rapport au corps s’établit également avec celui des visiteurs lorsqu’il s’agit d’œuvres immersives, participatives. Mes références sont nombreuses et parcourent les siècles : de la statuaire grecque avec Polyclète, en passant pour le 19e siècle avec Rodin ou Ron Mueck aujourd’hui pour les corps sculptés, de Cabanel à Picasso, ou Bacon pour les corps peints idéalisés, déformés, fragmentés, simplifiés. Les installations ou les environnements de TeamLab, d’Ann Verinica Jenssens m’ont aussi inspiré tout comme la poésie ou la littérature (L’idole d’A. Mérat ou les petits poèmes en prose de Baudelaire)

Mon parcours s’est axé sur un modèle facile à utiliser mon propre corps mais pas uniquement.

Travail n°1

Ainsi dans ce premier travail : une série de mini peintures intitulée Fish eye, mon autoportrait a été le point de départ avant le passage à d’autres modèles. A la base ce sont des formats carrés mais j’ai tracé un cercle de telle sorte que cela rappelle un autre type de format les tondis (Cf. Tondo). La gamme de couleurs est criarde avec des tons chauds, vifs, dysharmoniques. Le médium employé est la gouache. La forme du tondo est due à la volonté de reproduire l’objectif « fish eye » d’où le titre sachant que la traduction française est « oeil-de-poisson » je n’ai pas utilisé le ton local des objets en l'occurrence celui des figures mais des couleurs arbitraires éloignées de la réalité. Le point de départ est une série de photographies mais je me suis éloignée du réalisme photographique, les traits des visages sont simplifiés, déformés en raison du dispositif optique. Il introduit par son principe même une distorsion qui courbe fortement les objets. Ce travail peut évoquer le fauvisme pour ses couleurs vives : Femme au chapeau d’Henri Matisse (1905) ainsi que La dame en rose de Raoul Dufy (1912). On retrouve ici cette même ligne directrice que le jeu de cartes du travail n°2 le côté “féministe” de lutter contre l’idéal de beauté absolu contre les normes et les règles qui abolissent l’originalité. Le dispositif pour montrer cette série est un accrochage au mur selon une disposition en frise.

 

 

 

 

 

 

Travail n°2

Le 2e travail est un jeu de carte basé autour d’une série photographique prise avec mon smartphone, j’ai modifié chaque image : l’exposition, la brillance, les tons clairs, les ombres, le contraste, la vibrance la luminosité, ainsi que la netteté et la définition. Le corps d’une jeune femme est représenté, huit parties sont mises en exergue : les bras, l’épaule, les mains, les seins, la jambe, la nuque, le ventre et le corps (plus précisément de la tête à la taille de dos). En superposition aux photos, un extrait des huit poèmes d’Albert Mérat issus du recueil l’Idole, apparaît sur les images (surimpression/superposition) chacun décrivant la partie du corps photographié, est inscrit, sa couleur résonne avec celles de la photo car elle est dans les mêmes teintes. De l’autre côté de ces cartes est visible un dessin réalisé à la tablette graphique reprenant la photo du recto. Le titre de ce projet « la Muse » s’inspire du titre du recueil d’Albert Mérat « l’Idole » car tout deux désignent une personne ayant inspiré le travail, une femme à chaque fois. De plus une connotation érotique est perçue dans les vers du poète qui sont repris par le visuel que j’ai créé. Les deux titres peuvent également sous-entendre cette connotation.

 

 

 

Ce travail rappelle l’illustration comme il est coutume de faire avec un recueil de poèmes où textes et images s’associent. L’usage de textes sur les photos évoque l’œuvre de Carole Benzaken intitulée "Megillah ben Adam",exposée en 2011-2012 au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, les représentations des corps le travail de Brandt Bill. Ce sont des fragments ce type de représentation même si à la base il s’agit de photo peut aussi évoquer Rodin pour le côté érotique (la Danaïde), la transparence des couleurs, l’unité d’ensemble, une tonique la couleur rouge qui réveille la neutralité pastelle des autres couleurs, la couleur du vernis qui se répète sur certaines images. La vue de dos Isabelle Waternaux.

Les cartes seront posées sur une table de couleur neutre, en alternant recto et verso afin que le spectateur remarque la différence entre chaque face, le spectateur est libre de les retourner, de les observer. Les images sont disposées les unes à côté des autres donc en frise comme précédemment avec la série des toiles peintes.

Travail n°3

Ce travail est une sculpture-prothèse ou une sculpture-accessoire ou une sculpture à porter puisqu’elle représente une paire de gants. Les proportions sont celles de mon propre corps puisque j’ai pris comme patron la mesure de mes avant-bras. La représentation est donc une fragmentation elle évoque les abattis d’Auguste Rodin ou bien Amplified Body/Third Hand, Stelarc, (cf : Performance, Body Art). Cet objet est très contrasté de par ses matériaux : velours-papier Kraft. Deux textures = deux aspects tactiles opposés entre douceur et rugosité ? Pour le dispositif final de présentation j’ai décidé de l’incorporer dans une installation. J’ai donc réalisé deux autoportraits photographiques. Ces images sont de grand format à échelle 1 ce sont des portraits en buste donc environ 60 cm.  Les postures, le rouge à lèvre rouge, la robe noire rappelle l’univers cinématographique (Audrey Hedburn) ou le design publicitaire des années 50. Les deux images sont placées côte à côte au mur. Devant elles positionnée sur un socle avec le titre en évidence : « La Femme moderne du Passé » Cette mise en scène rappelle l’installation d’ORLAN intitulée Le Baiser de l’artiste.

 

 

 

 

 

Cette installation répond à ma problématique par les images photographiques (autoportraits) par la sculpture qui représente mes avant-bras. J’ai trouvé amusant ce clin-d ’œil à l’idée « d’enveloppe corporelle » ou de seconde peau artificielle créée à l’aide de la mesure de mes bras. Ce qui peut évoquer les performances d’Orlan (voir quand elle prend la mesure de son propre corps pour parcourir un espace) ou bien G. Penone avec le moulage de sa main il a accroché sa sculpture de bronze à un arbre du Nasher Sculpture Center, à Dallas, aux États-Unis, en 1968. Pour accompagner cet accessoire sur-mesure j’ai réalisé une série photographique me mettant en scène dans une tenue chic et avec un maquillage voyant. J’ai choisi ce visuel afin de lier les gants à l’image de la femme fatale des Films noir que l’on retrouve également dans les films d’actions tels que James Bond ou Mission Impossible. Le maquillage est inspiré des pubs du rouge à lèvre Dior « rouge baiser ». Les photos sont retouchées en Low et High Key afin de faire ressortir les détails : le Low Key se concentre sur les gants et la robe, le High Key sur les gants et les lèvres. Cette série sert d’accompagnement aux gants afin de montrer leur usage et de les mettre en scène. Les deux peuvent donc être montrés ensemble comme séparément.

 

 

Ce travail peut être doublement lié à mon fil conducteur : tout d’abord les gants sont des accessoires de mode donc supposés être portés, ensuite la série photographique me mets en scène et donc mon corps.

Travail n°4

Ce travail dont le titre Urbiquité est le jumelage entre le mot ubiquité et urbi tiré de l'expression latine Urbi et orbi exprime une intention d'universalité et signifie "à la ville et à l'univers", (c’est une bénédiction que le pape prononce à Pâques et à Noël) est un polyptyque de 5 panneaux, 4 sont des miroirs celui au centre est un autoportrait photographique. Je me suis travestie sous la forme d’une religieuse ou d’une nonne. Mon costume s’il évoque le 17e avec la Cornette que je porte sur la tête s’oppose radicalement à la présence de logos qui ornent mon visage car eux sont une référence directe à l’époque contemporaine. Ces sigles (le N de Netflix, Le S noir de N, la Pomme d’Apple) représentent la société de consommation, la pomme est située au milieu des sourcils, il devient ainsi une référence à un 3e œil ou bien au Bindi ce petit point rouge porté par les femmes indiennes. Le geste de ma main est celui de la bénédiction il reprend l’attitude de l’Agneau mystique de Yan Van Eyck. Les croix sont les symboles fort du christianisme mais le gobelet que je serre dans ma main gauche est celui très identifiable de la chaîne Mac Donald. Ainsi la figure que j’incarne n’est pas celle pieuse d’une nonne je suis Sainte Consommation la mère de toutes les gourmandises fabriquées à moindre coût et vendues pour moins d’un euro.  La composition de cet autoportrait est classique elle est pyramidale. Mon image se dédouble, se triple, avec les reflets des miroirs. C’est un alter-ego démultiplié qui joue sur l’ambiguïté de deux univers celui de la réalité et de la fiction. Ma transfiguration se rapporte à la traduction latine du mot grec metamorphosis (métamorphose). Elle ne fait pas écho à l’épisode de la vie de Jésus lorsqu’il accède à sa nature divine (le 6 août). Ce polyptyque est ouvert ou fermé, il est transportable. Je me suis inspiré des travestissements photographiques de C. Shermann et de l’univers Kitsch de Pierre et Gilles.

 

 

 

Publié dans Terminales

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