Terminales - Projet Bac - Aglaïa

Publié le par Nadine Averink

Je me suis intéressée à la problématique suivante : comment le jeu devient-il un sujet de représentation et d’action au travers de productions plastiques : peinture, photographie et installation ? La notion de règle propre aux jeux évoque les séries, protocoles, programmes de divers artistes que nous avons étudiés cette année. 

Afin d’organiser la réalisation de mon projet, je me suis inspirée de l’essai sociologique de Roger Caillois intitulé Les Jeux et les Hommes (1958 et 1967). La notion de jeu y est divisée en quatre domaines distincts :

-              l’agôn qui évoque l'idée de la compétitivité

-              l’aléa qui représente le hasard

-              le mimicry qui invoque l’imitation, le mimétisme

-              l’ilinx qui est associé à l’idée du vertige

Ces domaines se sont traduits dans les titres de mes projets. Chacun de ces termes d’un point de vue étymologique se rattache à la Grèce antique. De nombreux artistes ont nourri mon expérience (en sélectionner quelques-uns), des œuvres littéraires en particulier les histoires de Lewis Carroll et son personnage d’Alice.

J’ai retenu une citation celle de PC qui résume bien ma façon d’appréhender la production artistique en général et qui « colle » parfaitement selon moi à ma problématique :

“La vie est un jeu violent et hallucinant ; la vie, c'est se jeter en parachute et prendre des risques, tomber et se relever, c'est de l'alpinisme, c'est vouloir monter au sommet de soi-même et être insatisfait et angoissé quand on n'y parvient pas.” - Paolo Coelho.

J’ai pu solliciter tout le corps du spectateur, ne pas seulement convier le sens de la vue mais aussi l’ouïe ou le toucher pour qu’il ne devienne pas uniquement un contemplateur passif.

Travail 1 Aléa

 

 

 

C’est une série de quatre photographies en noir et blanc. Sur chaque photographie est représenté le même modèle, Elena, ainsi qu’un dé, qui est l'élément clé de toute la série et le motif principal de tout mon travail. Chacune de ses images a subi une transformation par un découpage, un tressage ou par l’ajout d’un autre élément des fils par le recourt à une technique traditionnelle la broderie. Technique que j’ai réutilisé pour la production nommée Agôn. On peut parler de photomontage. Le principal artiste que j’ai en tête étant un dadaïste inventeur de ce procédé Raoul Hausmann. Alea signifie en grec “hasard”, ce qui est en effet l’un des éléments constituant le processus de n’importe quel jeu. Le hasard est ici matérialisé par le dé. La symbolique de ce petit objet contraste avec le principe d’unicité de la série : recours au médium photographique comme matériau pour découper, assembler, tresser, etc.

L’ensemble sera présenté sous la forme d’une cabine pliable constituée de 4 pans repliable sur le principe d’un paravent. A chaque pan correspond un photomontage, le principe comme dans un isoloir le spectateur se retrouve enfermé, isolé du reste de l’exposition ainsi on se retrouve avec une expo dans l’expo, l’idée d’une mise en abîme. Cet espace flexible n’est accessible que pour un seul contemplateur (Cf. Marcel Duchamp). Il forme un écrin pour les images.

Travail 2 Agôn :  Ce projet est une technique mixte puisqu’il s’agit d’une grande peinture rectangulaire dont le pourtour est brodé. Elle mesure 150 x80 cm. J’ai réalisé la partie centrale les personnages peints quant à la broderie si j’en ai imaginé le motif ce n’est pas moi qui ai brodé. D’origine russe cette technique artisanale fait partie intégrante de mon histoire familiale. J’ai travaillé avec une brodeuse qui a réussi à transcrire à merveille mon idée de départ. Le titre de cette pièce peinte et brodée est Agôn. Elle représente 2 chevaliers-femmes en armure comme au MA qui combattent. Elles sont toutes 2 installées sur des dés de tailles différentes. 

Ces derniers sont représentés en perspective au centre de la toile de lin laissée brute, leur mouvement ascendant crée une illusion de profondeur. Le pourtour brodé qui fait office de cadre représente une série de dés disposés en quinconce*sur des faces qui s’alternent. Cela crée un rythme, du mouvement. Ce qui contraste avec le corps quasi immobile des personnages. Le cadre est une référence au groupe des peintres Nabis qui n’utilisent plus pour certains le cadre doré traditionnel mais qui peignent cette partie comme une toile Le Cirque de Seurat. 1890 par ex. Pour ce projet j’ai pensé à deux manières différentes qui peuvent valoriser ce projet et le rendre interactifs.Le mot Agôn signifie « compétition » en grec, ici le jeu ma problématique se traduit sous la forme d’un combat de chevaliers féminins. Plus qu’un art de la guerre j’ai voulu exprimer l’esprit de compétition qui peut animer certains jeux celui des échecs par exemple. Les couleurs symbolisent l’appartenance à un clan, c’est une codification d’identification, ce sont des couleurs héraldiques comme celles portées sur les écus (boucliers) des chevaliers du MA. En peinture on parlerait de contraste, sachant que ces 2 couleurs peuvent « s’unir » pour en former une 3e (le violet).

Tout d’abord un système de miroirs.

 

 

La toile originale est fixée au plafond et protégée par une vitre transparente. Elle est visible dans un reflet d’un grand miroir, 3mx3m, posé sur le sol et sur lequel les spectateurs sont invités à circuler. De cette façon, le spectateur a une double vision du projet, d’en haut et d’en bas, ce qui rend sa perception plus intéressante et interactive. Les spectateurs peuvent de même s'asseoir sur le miroir pour observer plus minutieusement chaque détail de la toile. Ce projet d’exposition est donc aussi présent sous forme de   jeu : observer les différences entre le projet initial et son reflet.

2e Proposition un accrochage type sur un mur blanc avec un cartel mentionnant les éléments d’identification.

Travail 3 Ilinx

Ce 3e travail est une vidéo avec un personnage féminin et un objet le dé, motif principal de mes projets. Divisée en 3 partie rythmée par une bande sonore qui oscille entre des bruits familiers mais amplifiés ceux d’une horloge pour symboliser le temps et une musique de Vivaldi (précise laquelle). Pour traduire l’impression de vertige celui de la jeune fille l’enchainement des plans est rapide, saccadé avec une alternance de zooms et des effets visuels comme le halo, les plans sont nets ou flous et le niveau sonore s’amplifie.

 

 

Le dispositif de présentation va a contrario du sujet représenté le vertige. J’ai choisi de créer un environnement où le spectateur puisse s’installer confortablement sur des coussins. La salle en forme de dôme est uniformément colorée recouverte du sol au plafond d’un velours bleu excepté quelques zones du sol composée de gazon artificiel ou naturel. La projection ne se fait pas sur le mur mais sur le plafond en écho au principe des fresques de la Renaissance. Ainsi le spectateur s’allonge pour visionner le film. Il est accueilli au préalable par un agent qui l’invite à se déchausser avant d’entrer sous le dôme. J’ai donc imaginé une installation immersive dans laquelle le spectateur s’allonge confortablement.

Travail 4 Eukairia

Cette sculpture en argile représente 2 éléments emblématiques pour moi le dé parce qu’il est au cœur de ma problématique, les mains parce que ce sont les outils de l’artiste. Cette petite ronde-bosse par ses couleurs évoque Henri Matisse et Yves Klein deux grands maîtres de la couleur. Le style de représentation peut faire penser à la BD ou bien à des artistes de la Figuration Libre comme Hervé Di Rosa ou Combas. Pour présenter ce travail sculptural j’ai décidé d’utiliser un accessoire une loupe de grand diamètre (1m50) afin d’agrandir et de déformer le modèle en argile peint, lorsque le spectateur se trouvera face à la loupe. Mais il est invité à se déplacer pour voir l’envers du décor, pour découvrir la sculpture réellement. Ce projet d’exposition oblige donc le spectateur à faire le tour de l’œuvre posée sur un socle à hauteur d’œil ou de buste (?) pour créer une illusion d’optique, presque une mise en abyme de l'œuvre grâce à la loupe. Il y a un jeu d’échelle entre deux ordres de grandeur, un dé est un petit objet, mon modelage propose une taille agrandie redoublée par la loupe.  Les mains même si elles sont simplifiées rappellent les abattis de Rodin et dans leur aspect celles peintes par Picasso.

Conclusion

Cette réflexion sur le jeu est à la fois symbolique et poétique. Au-delà du motif initial : le dé j’ai pu questionner la place du spectateur, son rôle dans l’œuvre et établir des liens entre divers disciplines aussi bien littéraires artistiques que cinématographiques, je pourrai parler du cinéma d’Alfred Hitchcock et de son film Vertigo qui a été une source d’inspiration pour Ilinx par exemple.

Publié dans Terminales

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