Terminales - spécialisation arts : Sarah

Publié le par Nadine Averink

S’il est question du format de l’image entre deux extrêmes de valeurs (échelle : du plus grand au plus petit) mes projets questionnent le rapport du spectateur à l’image, la question du réel dans la représentation de la figure sous forme de portrait ou autoportrait. Au sens le plus large la question identitaire qui se traduit plastiquement par des variations entre figuration et abstraction.  Un détail agrandi d’un dessin d’insecte est-il encore figuratif ou bien est-ce un ensemble de motifs de formes qui sont proches des images abstraites. Donc ce jeu entre le petit et le grand interroge le principe de perception.

Travail n°1 : triptyque

 

Ce triptyque est une peinture abstraite. J’ai utilisé un camaïeu de couleur chaude tirant vers le rouge/orange. L’ensemble est constitué de trois panneaux deux latéraux et un central. Ces peintures représentent des motifs circulaires : avec le jeu des tailles petites ou grandes on peut penser à l’espace interstellaire. Le fond blanc fait ressortir les couleurs chaudes. Le fond est traité en aplat mais les formes comportent des nuances différentes et les traces du pinceau sont visibles. Les formes circulaires ainsi que colorés du sujet peuvent faire référence à plusieurs artistes appartenant à une tendance de l’art abstrait. Vassily Kandinsky avec Plusieurs Cercles de 1926, Kasimir Malevitch, Robert et Sonia Delaunay. On peut également faire référence à l’art asiatique : le terme “Ensô” signifie cercle en japonais. Dans l’art japonais le cercle est le symbole zen absolu, également symbole de la lune ou de l’univers sans limites. Il est en soi le symbole de l’infini pur.

Travail n°2 : tondo

 

Ce tondo est au départ un bas-relief constitué de formes géométriques triangulaires recouvertes d’un tissu noir. On peut dire que c’est un monochrome. Les éléments collés forment des jeux d’ombre. Le drapé m’évoque les dessins de Léonard de Vinci comme « Draperie pour une figure assise » mais ici il est question d’un élément réel et non pas d’une représentation comme chez le peintre de la Renaissance. Mais cela peut également rappeler les gisants du moyen-âge, avec la précision des détails des vêtements des personnages représentés, où l’on retrouve cette même sensation de texture visuelle comme avec Le Christ Voilé d’Antonio Corradini, statue en marbre de1753, conservée à Naples dans la Chapelle Sansevero.  Pour finir, deux autres artistes peuvent être mis en lien avec ce travail, Christo et Man Ray. Tous deux ont eu l’idée, au 20e siècle, d’empaqueter/emballer divers objets. En 1920, recouvre une machine à coudre et nomme cette sculpture L’énigme d’Isidore Ducasse.   En 1962, Christo avec Wrapped Motorcycle  emballe de polyéthylène et de corde une moto.

Le fait d’utiliser du tissu apporte un aspect tactile pour le spectateur, la couleur est mate, on distingue une forme stylisée une fleur et en ce cas c’est une image figurative mais si le regardeur ne voit que des formes géométriques alors on parlera davantage d’abstraction géométrique.

Travail n°3 « brouillage »

Il s’agit d’une série de dessins sur un format A3 réalisés au feutre. Ce sont des portraits mais extrêmement simplifié. Les silhouettes ou la forme des bustes est uniquement suggérée par son contour. Ils peuvent évoquer les œuvres de Jean Dubuffet et plus spécifiquement celles du cycle de l’Hourloupe réalisées entre 1962 et 74. Max Loreau, un ami de Dubuffet raconte : « En juillet 1962, lorsqu’il répond au téléphone, Dubuffet laisse distraitement courir son stylo bille rouge sur des petits morceaux de papier. De ces exercices sortent des dessins à demi automatiques, qu’il barre de rayures rouges et bleus. » Ainsi commence l’aventure de l’Hourloupe, mot à connotation comique inventé par le peintre qui l’associe à « hurler, hululer, loup, Riquet à la houppe », et au titre Le Horla de Maupassant. On peut aussi ajouter le terme « entourloupe », signifiant un mauvais tour fait à quelqu’un. Dubuffet, avec le cycle de l’Hourloupe, emploie une nouvelle technique. Il se sert du vinyle, du stylo bille et du marker comme j’ai pu l’expérimenter moi-même avec ce travail. Le fond blanc fait ressortir tous les détails des portraits colorés. Opposition du fond blanc et des motifs colorés.

Travail n°4

Il s’agit d’une image numérique qui se présente sous la forme d’une grille -ou d’un tableau- constituée de trois exemplaires. Chaque image comporte 3 types de cases : une couleur, une photographie d’identité, un mot.

Le fond blanc fait ressortir tous les détails des portraits photographiques. Les contrastes sont importants. L’utilisation d’un format type celui de la carte d’identité renvoie à ma problématique sur le principe qu’une case comporte un unique élément. Le lien formel avec le travail précédent se situe sur le principe de la grille

    Pour réaliser ce projet je me suis inspirée d’Alain Baczynsky, de Christian Boltanski et de Françoise Vanneraud.

Dans ce photomontage on peut voir des portraits mais aussi un autoportrait. Il y a un jeu entre les termes sélectionnés symboliques, complexes et les portraits standardisés avec une posture quasi identique. La présentation sous la forme d’un tableau-grille évoque le jeu. On peut voir ironiquement un jeu de mot sur le sens figuré et propre du mot « cliché ». J’ai joué sur la mise en abyme qui est la répétition à l’intérieur de l’image d’une image semblable, procédé comparable à un jeu de miroirs dans lesquels un objet peut se refléter à l’infini. Le théâtre dans le théâtre cher à Shakespeare, de même que « Les Ménines » de Vélasquez ou « Les Epoux Arnolfini » de Van Eyck dans l’art pictural, sont de célèbres mises en abyme. Sur ce principe je peux mettre mon travail en relation avec Martin Parr qui en est passé maître avec sa série sur les touristes : il photographie des groupes de personnes en train de « s’immortaliser » devant les colonnes ensoleillées de l’Acropole d’Athènes ou des visiteurs agglutinés devant « La Joconde » prenant des clichés. Il a réalisé aussi  une série d’autoportraits dans des boutiques de photographes qui sont spécialisés dans les portraits d’identités.

Travail n°5 : Bichos

Ce travail pose la question du statut du dessin pour le réaliser j’ai pris des modèles photographiques, un entomologiste lui procèderait avec un modèle vivant ou bien à partir d’un insecte naturalisé. Qu’est-ce qui permettrait de parler d’un statut artistique et non pas scientifique : le travail par série, la présentation ? Ici le champ de référence scientifique est “modélisé” pour devenir artistique. L’artiste Joan Foncuberta procède de cette façon en détournant les codes scientifiques notamment avec sa série, Herbarium de 1984. Dans cette série, l'artiste expose des tirages documentaires noir et blanc soignés de plantes livrées ainsi à l'observation scientifique. La rigueur fait penser aux photographies de  Karl Blossfeldt (1865-1932) publiées en 1928. En fait, ce sont des plantes imaginaires, réalisées par l'artiste avec des matériaux pauvres, des déchets, des fragments de plantes et d'animaux, avant d'être photographiées. La présentation objective, la photographie en noir et blanc, l'identification de la plante par un nom botanique en latin comme les textes d'accompagnement donnent une vérité scientifique à l'ensemble. Son travail est photographique, différent de ma démarche “documentaire” avec la technique du dessin au feutre noir. Puis afin de réaliser toute une série les dessins ont été photocopiés. Ce qui pose la question de l’original et de la copie. Le choix du support : un bloc type post-it est important car il sollicite l’implication du spectateur pour un effeuillage. Le traitement de chaque figure est minutieux avec une référence implicite à un courant pictural du 19e : Le Pointillisme, ainsi que les dessins de types scientifiques. Bien que les espèces qu'ils étudient ne soient pas des insectes, on compte également souvent parmi les entomologistes les arachnologues, spécialistes des arachnides (araignées, scorpions...). Il en va de même pour les spécialistes des myriapodes (mille-pattes, qui ne sont pas non plus des insectes). L’étude de la nature démarre dès l’Antiquité (l'Histoire des animaux d'Aristote, l'Histoire Naturelle de Pline, Materia Medica de Dioscoride) constitueront des références dans le domaine des Sciences de la Nature, pendant plus de mille ans.

 Le fond blanc des feuillets fait ressortir tous les détails des insectes. Opposition du fond blanc et des motifs noirs.

Travail n°6 Bichos bis

Ce projet est une installation constituée d’un vidéoprojecteur et d’une série de dessins

Le format minuscule des dessins originaux est agrandi par la projection. La perception initiale de l’image est modifiée, des détails sur les motifs, des images fragmentées, des représentations en hors-champ sont donnés à voir. J’ai utilisé du papier calque pour reproduire les dessins originaux du travail n°5. Cet agrandissement évoque le processus de travail d’Auguste Rodin tout comme celui de la fragmentation. Quel est l’enjeu entre les dessins en carnet et la projection murale : la perception de l’image par le déploiement physique de l’image du support papier (petit-intime) au support mural (image agrandie- toute une pièce = plusieurs regardeurs plusieurs spectateurs).

Ce travail a été réalisé à l'aide de matériaux mixtes: diapositives, feuilles de papier-calque. D'abord, j’ai dessiné au stylo noir, à pointe extra fine, des insectes sur du papier-calque, par la suite, j’ai incorporé les feuilles de papier-calque dans des diapositives. Il s’agit d’une série de 10 diapositives. Nous pouvons trouver un lien entre les études entomologiques et ce projet: en effet, celui-ci peut nous rappeler les anciens ouvrages entomologiques parus au 17e siècle, tout en se mêlant à la “modernité” grâce à la présence des diapositives. Inspiré de l’œuvre Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre, ainsi que de Lights 02 de Michael Marcovici.

Travail n°7 : « Nuit pluvieuse »

Ce travail photographique se présente sous la forme d’un triptyque, il s’agit d’un paysage nocturne. Les conditions de prise de vue sont donc importantes à souligner : c’est le soir et il pleut. Le format oblong suggère un panoramique sans en être un puisqu’il s’agit d’un zoom à partir de l’image de gauche. Les effets de proche et de lointain sont à peine perceptibles ce qui demande au spectateur une attention particulière pour se rendre compte de ce jeu sur les détails. La palette chromatique est sombre avec des teintes jaunes orangées et un point lumineux rouge qui focalise le regard. En référence à ma problématique j’ai photographié un motif minuscule : la goutte d’eau, la ville quant à elle apparaît à l’arrière-plan légèrement floutée. Je me inspirée des photographies de Stéphanie Boisset, Journée d’orage et Colette Richard, Après la pluie. Quant à une référence picturale Gustave Courbet, et son tableau La Falaise d'Étretat après l'orage, 1870. Ce travail peut se rattacher au programme à travers l’entrée intitulée « le chemin de l’œuvre » car si j’ai anticipé la prise de vue nocturne, ce que je n’avais pas prévu : c’est la pluie.

Travail n°8 : Pantin-destin

 

 Nature du travail au départ sculpture (mobile car suspendu). Technique assemblage (bois, personnages en plastique). Puis mise en scène photographique avec choix des prises de vue particulières notamment des gros plans (zoom) sur des détails. Ensuite pour le lien avec le titre de ce projet l’objet est photographié avec un modèle-porteur dont on ne voit que l’avant-bras positionné devant un mur blanc avec un éclairage (plafonnier) qui a comme incidence de créer une ombre projetée, la silhouette de la main suggère un mouvement à l’inverse de la main photographiée statique. Les personnages disposés sur les bâtonnets de bois sont représentés en mouvement. Leur blanche contraste avec la peinture noire du bois.

Ce travail a été réalisé à l'aide de matériaux mixtes: bois, fil de laine, polystyrène et 9 figurines de 36 mm en position de marche. La présence de la main qui contrôle les fils de nous rappelle l'idée d'un pantin. Inspiré de Minimize Food de William Kass, ainsi que de Habitar la frontera de Françoise Vanneraud. Dans le domaine de la sculpture Giacometti réalise de minuscules personnages pour la couleur blanche les plâtres de George Segal à échelle 1 (ou humaine) peuvent être évoquées.

Travail n°9 : Sens contraire

Sur le même support 2 images l’une réalisée au fusain l’autre à l’acrylique, la première abstraite peut évoquer le monde de l’infiniment petit, on peut voir des cellules ou des œufs de poisson tandis que la seconde représentée en  minuscule représente la terre. Sens contraire donc par la taille initiale inversée des objets représentés, par les techniques et par l’opposition entre le noir et blanc d’un côté et la couleur de l’autre.

Publié dans Terminales

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :