Terminales - Option arts : Quentin

Publié le par Nadine Averink

Problématique :

“Icônes, esthétiques et identités dans l’art et la musique » ou « Comment la musique rock a-t-elle développé sa propre iconographie, sa pop-culture, son esthétique, et s’est alliée à l’image pour se sublimer ? »

Pour mon dossier j’ai titré mes travaux d’après une chanson/un album/un artiste lié aux thématiques illustrées. Fil rouge de “l’Art de la Référence” : l’art fonctionne avant tout par sa capacité évocatrice, sous toutes ses formes (visuelle, musicale…); sa faculté à utiliser des symboles, des lieux communs, des motifs qui résonnent chez le spectateur, et font appel à son univers culturel intérieur pour démultiplier l’envergure d’une œuvre et étendre son impact. On peut donc parler d’hommage et de citation. W. Kandinsky dans son ouvrage Du Spirituel dans l’Art fait le lien entre les couleurs et les sons, c’est un livre que j’apprécie.

 

Travail n°1 :

Titre : “We Will Rock You”

 

Il s’agit d’une série de 7 peintures numériques de format carré, ayant pour objectif de synthétiser les codes esthétiques d’époques et de genres musicaux affiliés au rock (typographiques par exemple), qui en ont forgé la vaste identité esthétique composite. Le titre, s’inscrivant toujours dans cette idée de référence qui traverse mes travaux, provient de la chanson We Will Rock You de Queen provenant de l’album News From The World. Je l’ai choisi parce qu’il illustrerait un genre de “cri à l’unisson” de ces portraits de personnages, allégoriques des différentes mouvances musicales, qui tous ensemble formeraient “le Rock” en général.

Les genres référencés sont ainsi : le Jazz, le Rockabilly, le Rock Psychedelic, le Punk, le Metal, le Grunge, le Brit Rock, dans ce dernier, pour ajouter des effets lumineux et colorés sur les musiciens, leurs vêtements et instruments, j’ai utilisé un crayon à effet lumineux dans le logiciel de peinture numérique, pour m’appuyer un maximum sur l’esthétique “néon” des années 80. La coupe du costume bleu vif aux épaules larges s’inspire fortement de la mode vestimentaire de l’époque, et les bandeaux de fitness sont distinctifs du guitariste Mark Knopfler dans ces années (de même que la position des doigts sur la guitare). La typographie reprend l’idée des tubes à néon. Toutes ces images numériques sont des sortes de clichés des esthétiques musicales citées.  

 

Travail n°2

Titre : « Lady Stardust” et “Owner of a Lonely Heart”

 

« Lady Stardust” et “Owner of a Lonely Heart” sont deux volumes : une basse et un cœur-sculpture. Il s’agit d’une paire d’objets modifiés “designés” une basse et une sculpture en forme de ou représentant un cœur (Symbole qui peut être hautement religieux). Le point commun qui réunit ces deux objets d’un point de vue plastique est l’utilisation de matériaux communs pour “habiller” l’un et assembler l’autre. L’un conserve sa fonction utilitaire l’autre est objet d’art. Le médium photographique est le moyen de les présenter car ce sont des objets. En conséquence l’image photographique peut devenir en soi le médium. Ce serait une question à réfléchir en fonction du format, du papier d’impression, etc. Ces deux éléments ou deux pièces, dans le champ des arts plastiques, se rattachent au domaine de la sculpture par assemblage pour l’instrument, par soudage pour le cœur. La guitare parce que customisées devient elle aussi objet esthétique. Dans les arts des artistes détournent des objets pour les décorer : les Nabis  ne se limitent pas à la peinture, ils exercent également leurs talents dans l’ameublement, les vitraux, les tapisseries, les papiers peints, les estampes, l’illustration (La Revue blanche), les affiches et les décors  (théâtre de l’Œuvre). C’est grâce à leurs illustrations (lithographies et gravures sur bois) que va naître véritablement l’art du livre. Arman artiste du Nouveau Réalisme utilise des objets et notamment des instruments de musique mais dans un esprit destructeur comme dans sa série des Colères. On trouve également des guitares customisées à la main qui deviennent des pièces uniques. Ces objets sont utilisés dans le clip “Jack’s Tale”.

 

Travail n°3 :

Titre : ”The Rise & Fall of Ziggy Stardust”

”The Rise & Fall of Ziggy Stardust” (Peinture acrylique, crayon à papier et rehaut au pastel blanc, sur carton gris)

Caractéristiques plastiques :

Cette image reprend la composition de la Cène de Léonard de Vinci. Les dimensions ont été calculées comme une réduction de la fresque originale (de 460 × 880 cm à 46 x 88 cm). La palette chromatique est plutôt claire et terne dans la majorité du décor (le gris du carton, le blanc de la nappe et des lignes de l’architecture). Les personnages regroupent des tons chair, des rouges oranges et jaunes pour les coupes de cheveux flamboyantes de David Bowie, ainsi que des costumes tantôt monochromes (noirs et blancs pour le jeune Bowie, le Thin White Duke, Hunky Dory, Jareth, Low et Blackstar) tantôt aux bleus, rouges et jaunes vifs (Pierrot et sa gamme de bleus clairs, Ziggy et sa combinaison tricolore, Halloween Jack dans sa salopette rouge et sa chemise à motifs bleus, le personnage de Life On Mars en costard cyan, ou le Bowie de Let’s Dance en costume jaune d’or). Cela marque une différence entre les personnages plutôt austères et les plus excentriques.

L’aspect lacunaire est volontaire : en laissant le carton vierge en arrière-plan, en peignant la nappe de manière incomplète, en soulignant simplement les lignes de construction de traits de pastel blanc et en laissant quelques repentirs de crayon apparents, on évoque l’idée d’inachevé, et d’élaboration toujours en cours, comme une œuvre en perpétuel devenir.

Caractéristiques symboliques : Parodie de “La Cène” de Léonard de Vinci, utilisant 12 personnages de David Bowie. Traite le thème de l’Icône et de son identité : les personnages de David Bowie ont un rôle mystique, ils forment un genre de panthéon présidé par Ziggy Stardust, icône entre tous.  La référence musicale du titre, “The Rise & Fall of Ziggy Stardust”, place explicitement Ziggy au centre du tableau dans son rôle christique. La composition du nom de l’album sous-entend presque un titre de fable, de parcours cyclique initiatique d’accomplissement surhumain Nietzschéen (cher à Bowie); “Rise” and “Fall” évoquant parfaitement la chute et ascension spirituelle du Christ au moment de la Passion, aussi bien que l’oscillation de Bowie entre ses moments d’éclats presque divins, surhumains, d’icône rock intouchable (avec ses personnages très positifs, comme celui de Let’s Dance, ou d’Halloween Jack) et ses travers les plus obscurs (sa dépression paranoïaque et cynique qui donna naissance au Thin White Duke, ou encore son requiem avec Blackstar).

Il y a une concordance entre les apôtres et les personnages : Jésus = Ziggy Stardust, personnage surhumain, extraterrestre, christique et iconique entre tous dans l’œuvre de Bowie ; Judas = The Thin White Duke, personnage le plus sombre de la panoplie de Bowie, l’ayant presque détruit, vendu à la cocaïne (analogie des deniers dessinés sur la table ), hypocrite, “de la glace qui veut se faire passer pour du feu” ; Jean = Aladdin Sane, personnage proche de Ziggy Stardust (chronologiquement comme dans l’esprit), souvent confondu avec lui → l’apôtre que le christ aimait ; André, “le premier apôtre” = Bowie jeune, sa première apparition dans le paysage musical.

Travail n°4 :

Titre : “Heart of the Sunrise”

Il s’agit d’un hommage au célèbre illustrateur de pochettes de rock progressif, Roger Dean, consistant en un vaste panorama composite, photomontage de ses nombreux artworks pour des groupes tels que Yes ou Asia.

On y retrouve ainsi les pochettes de :

pour Yes :

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- Fragile
- The Ladder
- Relayer

 

-Union
- An Evening of Yes Music Plus
- Keys to Ascension (un des quatre atworks, Arches : Morning)

pour Asia :

- Asia (premier album)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

pour Lighthouse :

- One Fine Morning

 

 

 

 

 

 

 

 

 

pour Steve Hackett

- Premonitions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres :

- Pathways, artwork individuel
- Flight of Icarus
- Magnetic Storm
- Freyia's Castle

Mon image se construit à la manière d’un panorama dans un format oblong. Reprenant les palettes chromatiques de Roger Dean pour harmoniser ses différents artworks, l’on retrouve des dominantes bleues, blanches et noires, notamment dans ses jeux d’ombres et de perspective atmosphérique, entre premier plan et second plan. Tout comme les autres travaux du corpus, “Heart of the Sunrise” a la vocation de synthétiser une caractéristique esthétique, par regroupement des codes. Ici, ce regroupement est plus littéral, puisqu’il s’agit d’un patchwork de multiples peintures raccordées numériquement. On pourrait la rapprocher tout particulièrement de The Rise & Fall of Ziggy Stardust, par leur thème commun de l’hommage à un artiste en reprenant sa signature esthétique : de manière assez symbolique à travers les multiples personnages et l’idée de panthéon autour de David Bowie dans la parodie de la Cène ; et ici de manière plus littérale, en utilisant les principes de composition onirique et déconstruite de Roger Dean, avec ses cieux dégradés qui font souvent office de jonction.

Le titre, filant la thématique de l’hommage, fait référence à la chanson “Heart of the Sunrise” du groupe “Yes”, sur leur album “Fragile”, illustré par Roger Dean. Il réfère pour moi à l’éclat solaire au milieu du ciel qui articule les différents artworks autour d’une même source de luminosité, comme un “coeur du lever de soleil” ; mais la musicalité de la chanson m’évoque personnellement une majesté onirique et contemplative, qui se lie parfaitement au panorama que j’ai voulu composer.

Connexion aux artistes du programme :

On peut rapprocher cette production des transparents de Carmontelle, qui consistaient en un assemblage de dessins composant un panorama en bande, habilement raccordés par des arbres. Ici, l’articulation des différents artworks construit un paysage onirique cristallisant le style de Roger Dean, liés par des retouches à la peinture numérique faisant se chevaucher et s’entremêler les décors (les structures de pierre servant bien souvent de raccord entre les espaces, à la manière des arbres chez Carmontelle).

De plus, les panoramas de Carmontelle constituent un reflet de l’époque et du milieu de l’artiste par leur représentation des modes vestimentaires et des divertissements de l’aristocratie/la bourgeoisie; tout comme les pochettes de Roger Dean synthétisent l’engouement de son époque pour ces univers fantasmagoriques (tant dans le monde du rock progressif que dans la culture populaire, au sein de laquelle les mondes de SF et fantasy gagnaient en popularité)

 

Références/histoire du photomontage

Le photomontage est fondamentalement le fruit d'une double opération : le découpage et l'assemblage de fragments d'images photographiques le plus souvent extraites de périodiques illustrés. Mais ces fragments sont ensuite remontés dans un nouvel ordre, souvent irrationnel, toujours subjectif, qui modifie radicalement le sens des différents éléments. Souvent, le photomontage est reproduit lui-même photographiquement et même imprimé dans un journal. Ainsi la boucle est bouclée. Le photomontage se situe au carrefour de plusieurs dialectiques : vérité et mensonge, objectivité et subjectivité, unicité et reproductibilité. Sa problématique est celle de tout l'art du xxe siècle. C’est une technique que j’aime particulièrement.

Depuis la fin du XXe siècle, le photomontage, grâce à l'arrivée de l'informatique et aux logiciels de retouche d'image tels Adobe Photoshop, Corel Paint Shop Pro, CorelDraw ou GIMP, est prisé dans le domaine de la communication. Le collectif suisse d'éditeurs Plonk et Replonk en a fait sa marque de fabrique.

Montage final :

 

Travail n°5 :

-”True Colors”

Purple Haze, Violet, folie : folie psychédélique. Stand purple haze + esthet psyché  

Black Sabbath, Noir, Peur : peinture acrylique style Francis Bacon (“what is this that stands before me ? Figure in black who points at me…” : personnage angoissant en noir fondu dans les ombres pointant un doigt lugubre) 

Behind Blue Eyes (The Who), Bleu, mélancolie : aquarelle, repentir, inspiration de l’auteur de BD Enki Bilal

Twenty First century Schizoid Man, Colère, Rouge : s’inspirer de la couverture d’In The Court of the Crimson King, psychose dévastatrice… “Blood rack, barbed wire ; politicians funeral pyre ; innocents raped with napalm fire ; twenty first century schizoid man”

Les autres :

Yellow Submarine, jaune, joie douce : dessin un peu enfantin, reprendre esthétique du film des Beatles. “we all live in a Yellow Submarine, Yellow Submarine, Yellow Submarine”

Mint Car, vert, joie vive

While My Guitar Gently Weeps (White Album), Blanc, Sérénité/Mélancolie, style très léger et épuré

”True Colors” Série de 7 pochettes de disque de format carré 125x125mm  peintes à l’acrylique, avec des paroles écrites au marqueur doré.Ce projet est une série d’images représentant des pochettes de CD, le lien formel qui les unit est le style BD et la présence d’une figure centrale excepté pour la 1ère, l’importance de la palette chromatique et la typographie. Je me suis inspiré du travail de graphisme d’Andy Warhol il a réalisé notamment une pochette de disque. Cet artiste a utilisé divers médium, il a travaillé avec l’ordinateur, le fax, le photocopieur, le film, la vidéo, évidemment la toile, le papier. Mais surtout Andy Warhol a réalisé en totalité 65 pochettes de disque (Cf. l’exposition Ephemera dédiée aux travaux graphiques, publicitaires et commerciaux de l’artiste au musée de l’imprimerie et de la Communication Graphique de Lyon).

La musique est capable de susciter des émotions par sa mélodie et ses paroles ; la peinture peut le faire par ses formes et ses couleurs on utilise pour les deux domaines artistiques le terme esthétique. Cette série de portraits personnifiant des genres musicaux selon les codes esthétiques de ces derniers, sous le format de pochettes d’album (Rock/punk, prog, Jazz, Psychédélique, Metal, folk, blues...) s’inspire des pochettes de disques d’A. Warhol réalisées entre 1949 et 1987 notamment celles de l’album éponyme du Velvet Underground & Nico et de « Sticky fingers » des Rolling Stones, il a réalisé durant toute sa carrière une cinquantaine de pochettes de disques. La pochette de disque est le seul mode d’expression que Warhol ait investi tout au long de sa carrière, depuis son installation à New-York en 1949 et jusqu’à sa mort en 1987. Cette activité sera à la fois l’un de ses premières activités professionnelles, un terrain d’expérimentation mais aussi d’application de ses différentes techniques : buvard, sérigraphies, utilisation de photomatons… trouvant dans les caractéristiques de l’industrie phonographique une mise en application d’un concept qui lui est cher, la sérialisation, tout en restant un parfait condensé de son œuvre. Les particularités et les apports d’Andy Warhol à l’illustration des pochettes : typographie discrète (voir absente), l’interactivité (la banane autocollante du Velvet Underground, la braguette des Rolling Stones ou les diapositives de John Cale), investissement de toutes les surfaces possibles (dos, gatefold…) tout en documentant en filigrane son propre parcours personnel (la Factory, ses amitiés, ses goûts musicaux…).

 

Travail n°6 (vidéo)

Titre : Jack’s Tale” (Clip vidéo)

Inspirations : le clip Goodbye Angels des Red Hot Chili Peppers a fortement marqué le clip, notamment autour du personnage de “Jean Queen”.

Référence à Bill Viola l’un des pionnier de l’art vidéo avec Nam June Paik mais ces deux artistes sont avant tout des plasticiens. Mais aussi en 1997, le duo de musique électronique Daft Punk, signe un clip mémorable de son single Around The World, qui montre des robots en train de recréer visuellement la partition de cette chanson. Il est classé comme l'un des meilleurs de tous les temps. Le travail de ce duo fait partie d’expositions artistiques notamment avec l'avènement du numérique.

Essai de film sonore synchrone de Dickson (1895).

En 1895, le Kinétophone (ou Phonokinétoscope, ou, ainsi que le désigne Dickson, le Kinéto-Phonographe) est la première tentative de visualisation individuelle d’un film sur un kinétoscope, associée à l’audition d’un cylindre de cire gravé, lu par un phonographe solidaire. Le pilote de ce procédé audio-visuel est conservé sous le titre Dickson Experimental Sound Film et date de 1895. On y voit Dickson en personne qui « interprète au violon une ritournelle du compositeur français Jean-Robert Planquette. Dickson joue devant une sorte de grand entonnoir (pavillon) destiné à récolter le son. C’est la plus ancienne forme de film musical, et l’on peut le citer comme étant l’ancêtre de tous les clips. En 1914, un incendie a éclaté dans le complexe Edison de West Orange et a détruit tous les films et les enregistrements sonores, mettant un point final aux essais d’Edison pour marier le son et l’image.

Publié dans Terminales

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