Terminales - Option arts : Li Lou
Problématique : Comment peut-on transfigurer le motif de la main ? Pour le sublimer ou le défigurer.
J’ai utilisé de manière récurrente dans mes travaux ce motif, il est récurrent dans l’histoire de l’art, cet élément est primordial puisque l’artiste crée avec sa main. Mon processus de réalisation est donc comme une mise en abîme. Ce motif est un module de fabrication, une matrice à partir de laquelle j’ai décliné plusieurs médiums.
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Le premier travail est une broderie il s’intitule « Phantom Thread » elle représente une main, avec des fils en coton couleurs chair, rouge et bleus. L’ensemble est donc contrasté. Ce motif est mon sujet de prédilection. Il sera décliné sous divers médiums ou techniques c’est à la fois l’outil de l’artiste et aussi un sujet de représentation qui est présent à toute les périodes de l’histoire de l’art depuis la période préhistorique vers - 40 000 ans avant JC jusqu’à aujourd’hui avec des artistes du 20e comme Giuseppe Penone ou César.
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Le deuxième travail s’intitule : « Abattre le jour » il s’agit d’un diptyque photographique qui représente une lampe. L’abat-jour est constitué à l’aide d’une série de mains dessinée sur calque. Le pied est une sculpture : une main en argile. La mise en scène photographique a pour but de mettre en valeur l’objet. Mon intention était d’opposer deux types de représentation de ce motif : l’une dessinée, l’autre sculptée, plus précisément modelée. Cet objet est une sculpture lampe, il associe deux domaines celui des arts appliqués et des arts plastiques.
Comme c’est un volume, j’ai décidé d’en rendre compte par le biais de la photographie sous la forme d’un diptyque. En plus de questionner ce motif je l’ai de manière systématique démultiplié, répété, dupliqué, recopié.
Je me suis inspiré des Chronophotographies d’Etienne Jules Marey et du Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp. Sous-jacent à ces références, celle plus évidente des œuvres d’Auguste Rodin.
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Le troisième travail est constitué par une série de trois images en noir et blanc sont retouchées et rehaussées avec de la craie. Elles sont délimitées par un cadre en papier noir.
Le point de départ est une série de dessins de mains que j’ai ensuite détourés puis assemblés pour les suspendre. Le mobile obtenu a été pris en photographie. Ces images sont devenues des supports sur lequel j’ai appliqué des rehauts de peinture et d’encre comme dans la série Face Farces d’Arnulf Rainer. J’ai intensifié les traits avec des craies blanches et noires, puis j’ai délimité des bandes de papiers noirs au bord de la photographie pour l'encadrer. Ces bandes sont découpées de façon irrégulière.
Le motif de la main est devenu un sujet de réflexion un peu “obsessionnel” comme l’artiste japonaise Yahoi Kusama avec ses pois.
J’ai aussi voulu créer une atmosphère de film d’horreur. Ces mains découpées peuvent rappeler celle de l’affiche du film M Le Maudit de Fritz Lang. Pour recréer l’esthétique du film de Robert Wiene Le Cabinet de Dr Caligari (1920), j’ai accentué les traits. Ce film fait partie de l’expressionnisme allemand, un mouvement inspiré par la popularité de la psychanalyse au XXème siècle qui prône la déformation de la réalité. Le style des dessins découpés s’inspire des peintures religieuses. Cette série s’intitule « Corps humain-Corps urbain ».
Le travail suivant est constitué d’une série photographique nommée « Lever du soleil à 5 heure du matin »
Pour réaliser ces images j’ai utilisé l’application « long exposure camera » sur mon téléphone et une lampe poche, afin de mettre l’accent sur les mobiles de main dessinée. Puis j’ai retouchées les deux autres photographies sur l’ordinateur, j’ai inversé accidentellement les valeurs de l’image originelle : le fond noir est devenu blanc, le rond blanc est devenu bleu, et les marques des mains noirs sont devenues blancs. J’ai décidé de conserver les images obtenues. Les résultats finaux font penser à des radiographies, au travail d’Edward Muybridge ou de Jules Etienne Marey.
Pour la dernière photo, j’ai décidé de la dupliquer pour donner un effet d’agrandissement, comme le lever du soleil. Ces images m’évoquent des planètes mais la forme circulaire peut aussi être interpréter comme une forme géométrique. Ce qui est intéressant ici est le résultat visuel obtenu car on ne perçoit pas d’élément figuratif. Cette représentation est donc abstraite malgré le fait qu’il s’agit d’une prise de vue d’un mouvement rapide de la main. On observe une série de lignes ondulantes ainsi qu’une ombre portée.
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Ophélia est le titre de cette peinture réalisée sur une toile de format carré 40 x 40 cm. Il s’agit du 4e projet.
En m’inspirant des papiers peints de William Morris fabricant designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur et architecte britannique du 19e siècle , j’ai tenté d’imiter ses formes symétriques, cependant au lieu de peindre un milieu bucolique j’ai décidé de présenter un monde aquatique. Ce travail est lié à « Phantom Thread », car ils sont tous les deux une métamorphoses de la main.
La composition est géométrique et symétrique. Ces deux aspects sont renforcés par l’utilisation du format carré.
Les couleurs sont vives. La dominante est le bleu associée au vert elles forment les teintes froides ravivée par la présence du jaune comme elle est représentée en plus petite quantité on peut dire que c’est la tonique. Lorsque l’on observe rapidement l’image picturale on ne distingue pas tout de suite le motif des mains notamment parce que la forme des doigts est similaire aux tiges de la plante verte. La matière picturale est plutôt lisse et l’ensemble paraît un peu flou ce qui donne une atmosphère presque aquatique qui peut alors être mis en lien avec le titre Ophélia.
Enfin, pour terminer mon dossier j’ai réalisé une vidéo intitulée « Les mains libres » qui met en scène des ombres projetées, il s’agit de mes mains qui forment le mot « main » en langage des signes. J’ai trouvé intéressant de conserver la voix de mon père qui prononce « Go ! ». Ce dernier travail fait référence au mythe grec de l’invention du dessin. On raconte que le potier Butadès de Sicyone découvrit le premier l’art de modeler des portraits en argile ; cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille, qui était amoureuse d’un jeune homme. Celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ; son père appliqua l’argile sur l’esquisse, en fit un relief qu’il mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries, après l’avoir fait sécher.
Les mains libres